SENZA CENSURA N.25
march 2008
DE LA CORSE POUR EUSKAL HERRIA
Le 23 janvier 2008: (Unità Naziunale, www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte Internationale)
Pour commencer, nous voudrions rappeler brièvement la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons: à ce jour 712 prisonniers politiques basques dont 170 sont dispersés dans 35 prisons de l'État français. Et dans l'État français aussi, comme de l'autre côté des Pyrénées, les prisonniers subissent des conditions inacceptables, dues à la politique de vengeance menée par le gouvernement.
À titre d'exemple, 15 d'entre eux sont
isolés; Cédric Garai, Pantxo Flores et Xabier Susperregi, incarcérés sans charge
valable, n'ont toujours pas, quatre mois après leur incarcération, le droit de
voir leur compagne; Mizel Barnetxe a fait dix jours de grève de la faim pour
dénoncer le montage policier dont ils font l'objet, et nous avons tous à
l'esprit à quelles extrémités a été poussé le jeune Joan Bidart; de nombreux
prisonniers sont depuis plus de 6 ans en préventive, en attente de leur procès;
et ils subissent tous la politique criminelle de dispersion, double peine
puisqu'elle frappe aussi les familles. Nous ne pouvons oublier Nati, 17ème
proche d'un prisonnier basque tuée sur les routes des visites. Et comme si tout
cela ne suffisait pas, les condamnations ont été considérablement endurcies.
Tout ceci n'est pas du au hasard. C'est au contraire le fruit d'une politique
bien calculée. C'est un régime d'exception. Il est indéniable que le
gouvernement français mène une politique dirigée contre la société basque, et
qu'elle a une influence sur nous tous. Pour ne citer qu'un seul exemple, nous
avons le résultat de la dernière réunion entre Sarkozy et Zapatero: les
tortionnaires espagnols ont maintenant le droit d'agir sur le territoire
français, dans l'impunité la plus totale.
Mais ne nous y trompons pas, le gouvernement n'est pas le seul responsable de
cette situation: il ne pourrait mener cette politique sans le silence complice
de ses relais locaux, nos propres élus. Cela fait déjà longtemps que la
population d'Ipar Euskal Herria se prononce massivement contre la politique de
dispersion. Celle-ci ne fait pourtant que s'intensifier. La voix du peuple
n'a-t-elle donc aucune valeur? La campagne pour les prochaines élections est sur
le point de commencer, et sera pleine de promesses, comme toujours. Pour cette
raison, nous avons décidé de nous adresser à tous les candidats aux cantonales
et municipales afin de les inviter à prendre des engagements fermes pour le
respect des droits des prisonniers politiques basques et contre la répression, à
passer des paroles aux actes.
Nous ne demandons rien d'extraordinaire, nous ne demandons pas de faveur. Nous
demandons un engagement actif dans la défense des droits des prisonniers et des
citoyens basques, dans la défense de leur dignité, et ce des façons suivantes:
• en dénonçant publiquement la politique de dispersion et d'éloignement;
• dans les villages des prisonniers:
o en demandant des nouvelles de leur situation au comité ou à la famille, ou en
demandant le droit de visite.
o en demandant des conditions dignes à l'administration pénitentiaire
o en demandant au ministre de la Justice de faire respecter tous les droits de
ces prisonniers; en demandant le regroupement des prisonniers basques; en
demandant que tous les prisonniers malades et ayant fini leur peine soient
libérés immédiatement;
o en s'engageant à soutenir financièrement les familles qui se trouvent dans
cette situation;
• dans les villages où il y a des comités, en s'assurant que la population soit
informée de la situation;
• en demandant l'abandon des lois et des tribunaux spéciaux, principale garantie
de tous ces abus indignes d'une démocratie.
Bien que présentée à la veille de la campagne électorale, cette dynamique n'a
rien de ponctuel, et ne disparaîtra pas après les élections. Elle ne disparaîtra
que quand cette politique de vengeance disparaîtra.
Si notre objectif est d'obtenir l'engagement des élus locaux, vous aussi,
médias et journalistes, avez une responsabilité, celle de faire connaître la
situation des prisonniers politiques basques et celle d'interroger les candidats
que vous rencontrerez lors de cette campagne sur ces sujets.
Comme nous l'avons dit, nous avons l'intention de rencontrer tous les candidats
aux municipales et aux cantonales. Nous leur avons fait parvenir une lettre
accompagnée d'un dossier sur la situation du Collectif leur demandant de
s'engager sur les cinq points que nous venons de citer. Nous leur avons
également fait savoir que nous rendrions publique leur réponse ou leur absence
de réponse.
Nous pouvons, et c'est notre responsablité, tous donner quelque chose pour le
respect des droits des prisonniers, de leurs familles, de tous les citoyens
basques, d'Euskal Herria.
Besterik gabe, jaso ezazue agur bero bat.
Euskal Herria, le 23 janvier 2008
Source photo : Unità Naziunale, Archives du site.
Source info : Unità Naziunale
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