SENZA CENSURA n.15
Italy, november 2004
 

SEULEMENTE COMME ÇA NOUS POUVONS RESISTER...
Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah pour le meeting du 17. octobre 04 à Paris

Chèr(e)s camarades, Chèr(e)s ami(e)s,
À l'orée de ma vingt-et-unième année de captivité, votre mobilisation solidaire me touche profondément, elle m'apporte force et détermination. Elle me conforte surtout dans l'idée que ce n'est qu'ensemble, grâce à votre engagement ferme sur le terrain de la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste, que l'on peut tenir debout, nous autres, ici derrière les murs. Ce n'est qu'ensemble aussi, dans les centres du système et les périphéries intégrées, que l'on peut avancer sur les divers chemins de lutte contre la barbarie du capital ; et plus particulièrement par ces temps de croisades impérialistes déchaînées, dans cette région qui est la nôtre, ce n'est qu'ensemble que l'on se doit de résister et ce n'est qu'ensemble que l'on peut vaincre ...
Chaque fois, camarades, que l'on se trouve incapable de se rassembler autour des tâches principales et de lancer les initiatives appropriées pour reconstruire l'horizon commun de divers parcours de lutte, la victoire ne sera pas forcément au rendez-vous et, de toute façon, elle ne sera pas la nôtre.
Ni le repli identitaire passéiste ni l'affirmation de toutes sortes de sectarismes fondamentalistes ne sauraient protéger d'aucune façon contre les ravages de la mondialisation capitaliste et les diverses guerres impérialistes qui lui sont intimement liées. Par contre nous savons tous, camarades, que dans les marécages des défaites fleurissent toujours toutes sortes de mouvements nihilistes d'obscurantistes illuminés. Faisons de sorte, camarades, que les défaites soient dans le camp des agresseurs impérialistes ; c'est le plus court chemin, voire le moins coûteux, pour éviter les catastrophes des désagrégations meurtrières qu'auront à supporter les masses populaires dans le cas contraire.

Chèr(e)s camarades, Chèr(e)s ami(e)s,
Nous savons tous que la situation des prisonnièr(e)s révolutionnaires n'est que formellement fonction des décisions judiciaires ; ce sont toujours les instances politiques qui en délimitent à la fois le contenu et le pourtour. C'est bien pourquoi elle est avant tout fonction du mouvement de luttes anticapitalistes et anti-impérialistes ; ce n'est que dans le cadre global de ce mouvement que l'on peut aussi bien construire les instruments d'une solidarité combative que les rapports qui permettent de s'en servir. C'est bien pourquoi nous pensons que toute initiative solidaire ne participe au changement de la situation des prisonnièr(e)s révolutionnaires que dans la mesure où elle puise sa propre dynamique dans le développement d'un certain rapport avec le protagoniste révolutionnaire réellement agissant. C'est toujours, camarades, dans la dynamique propre au rapport des forces réellement existant que l'on construit et développe les termes appropriés pour une solidarité combative. Certes, rien n'est acquis une fois pour toutes ; il nous faut toujours savoir / pouvoir recommencer. Pour rendre contre-productive la gestion impérialiste de la détention politique, il faut sans cesse apprendre à relancer les initiatives appropriées à partir de la dynamique globale de l'affrontement.
Partout dans le monde, la bourgeoisie impérialiste tente aujourd'hui de briser la résistance des masses populaires et de la contenir entre autres par la politique terrorisante des rafles à répétition et de l'enfermement à vie des avant-gardes révolutionnaires. Déraciner toute idée de résistance et plus particulièrement toute idée de résistance armée, est de plus en plus une exigence incontournable pour les différents projets impérialistes. La destruction lente des prisonnièr(e)s révolutionnaires dans les prisons impérialistes ici s'inscrit justement dans le cadre de cette politique terrorisante. Elle ne sert plus simplement à neutraliser définitivement un certain nombre d'activistes révolutionnaires, elle cherche aussi, voire principalement, à frapper les esprits et dissuader de toute idée de résistance ou de révolte. Il faut en quelque sorte, partout, pérenniser et amplifier toujours plus la portée des défaites précédentes afin de rendre moins visible l'actuelle résistance héroïque face à la barbarie des impérialistes et de leurs affidés. A cette fin, le climat de défaite doit être sans cesse mis en scène ici, en prison : soit par d'interminables démarches humiliantes présupposées à l'accès probable au droit de libération conditionnelle, soit par l'exhibition de temps à autre des Prisonnièr(e)s Révolutionnaires usé(e)s par tant d'années de captivité, soit par les images terrorisantes, distribuées à dessein, des prisonniers de Guantanamo, d'Abou Ghraib, ou d'autres sinistres lieux ... Bref, la capitulation et la soumission devraient apparaître comme l'unique horizon humainement envisageable pour les Prisonnièr(e)s Révolutionnaires.
Face à cette politique réactionnaire se dresse et s'affirme immanquablement la démarche solidaire avec les Prisonnièr(e)s Révolutionnaires ; cette dernière puise sa dynamique intime dans la praxis révolutionnaire, investissant de plus en plus et à des degrés différents l'entier espace du système capitaliste mondial. La propagande impérialiste et la servilité des principaux médias internationaux ne changeront rien à cette réalité. Bush et son administration peuvent affirmer à longueur de journée que tout va pour le mieux en Irak, en Palestine, en Afghanistan et ailleurs. Qu'il ne s'agit plus que de quelques fanatiques affidés à l'ancien régime. Il n'empêche qu'en dépit de sa machine de guerre aux capacités terrifiantes, le nombre des villes irakiennes qui échappent complètement au contrôle de sa soldatesque ne cesse d'augmenter. Les forces d'occupation, partout, sont quasi encerclées. Le bombardement aérien n'épargne même plus Bagdad, la capitale. Certes, les victimes des bombardements se comptent quotidiennement par centaines de morts. Des enfants, des vieux et des vieilles, des hommes et des femmes de tout âge sont souvent enterrés vivants sous les décombres de leur habitation. Partout où ils le peuvent encore, la soldatesque américaine et ses auxiliaires d'autres nationalités se livrent aujourd'hui aux pires excès en Irak et en Afghanistan ; la soldatesque sioniste n'en fait pas moins en Palestine.
Pour les masses populaires et leurs diverses avant-gardes dans cette région, l'actuel discours impérialiste sur la liberté, la démocratie et la guerre antiterroriste n'est que de la poudre aux yeux ; il contraste radicalement avec la réalité de la criminelle politique mise en œuvre par l'alliance impérialo-sioniste. La guerre, le pillage, la colonisation, les assassinats et les rafles à répétition en Irak, en Palestine et ailleurs aussi constituent à la fois l'essentiel de cette criminelle politique et l'arrière-plan du cadre général de la résistance.
Bien entendu, nul n'ignore que les impérialistes américains ou autres ne font pas la guerre simplement pour satisfaire la folie meurtrière de tel ou tel président ou assouvir la haine contre tel ou tel peuple. Le cadre général légal mis en place par l'administration Bush pour fixer les nouvelles règles économiques en Irak est édifiant à ce propos. Il est déjà là, en marche, tout naturellement avec la bénédiction de multinationales telles que : Bechtel Corporation, Halliburton et les autres ... Il fournit pas mal d'éléments sur les raisons de cette guerre, bien qu'il ne fasse pas toujours la Une des grands médias impérialistes. L'invasion et l'occupation de l'Irak montrent aujourd'hui qu'au nom de " la guerre contre le terrorisme ", les États impérialistes cherchent essentiellement à imposer par tous les moyens des règles qui répondent aux intérêts des multinationales. Les projets de Bush, Rumsfeld, Pearl et tous les autres datent de la fin des années '80 ; ils sont destinés à mettre d'une manière permanente l'économie et les ressources naturelles irakiennes à la disposition des multinationales. L'Irak n'est certainement que le début ... La situation actuelle en Palestine, les menaces qui pèsent sur le Liban, sur la Syrie, sur l'Iran, sur toute la région sont édifiantes à cet égard.
Il n'empêche que la résistance des masses populaires se développe de plus en plus, au grand dam des régimes fantoches désarçonnés par la tournure que prennent les contradictions du système impérialiste ; ses activités couvrent désormais presque tout le territoire irakien et démontrent une combativité et un savoir-faire inégalables en Palestine.
Ceci étant, sans éluder les graves problèmes qu'affrontent actuellement les avant-gardes révolutionnaires de la Résistance palestinienne et encore moins les nombreuses faiblesses de la Résistance irakienne, votre solidarité, camarades, constitue un facteur d'une importance capitale pour surmonter les difficultés qui pèsent sur le mouvement des masses et l'empêchent de s'acquitter de ses lourdes tâches historiques.
Démasquons, camarades, les criminels projets des impérialistes et leur propagande mensongère et soutenons sans réserve la résistance des peuples de la région. C'est le véritable soutien que l'on peut apporter aux prisonnièr(e)s révolutionnaires ici ou ailleurs ...

À bas l'occupation de l'Irak !
À bas l'occupation de la Palestine !
À bas l'alliance impérialiste !
Honneur aux martyrs et aux peuples en lutte.
Ensemble, camarades, nous vaincrons !

Georges Ibrahim Abdallah
Lannemezan. Pour le 17 octobre 2004.

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